Samedi 23 septembre 2006 : Huit ans après Semira, le combat continue... Avec les sans-papier-e-s ! La manifestation de commémoration et de combativité sera suivie d'un DEBAT, coorganisé avec l'Espace Marx Bruxelles, autour des revendications du mouvement de solidarité et de perpétuation de la juste cause de Semira. A l'Espace Marx (Rue Rouppe n°4 - 1000 Bruxelles, à côté de la place Rouppe) A 18h30 (Salle ouverte, avec bar et sandwichs, dès 17h) Contenu du débat : - Semira, devenue emblème... (par la CRER et le VAK) - Témoignage de Hawa Diallo - Droit d'asile - logique de suspicion a priori - persécutions spécifiques aux femmes (par le Colfen) - Centres fermés - expulsion - violence - impunité (par le VAK) - Clandestinité - mouvements des sans-papiers en Belgique et en Europe - régularisation (par les délégations de l'UDEP (Belgique), de la CNSP (France), de l'ATRAIE (Espagne), du Comitato Immigranti (Italie),...) - Pour la liberté de circulation (par Les Piments Rouges) - Discussion (avec vous) SEMIRA ADAMU 2ème appel à la mémoire Journée de commémoration le 23 septembre 2006 Site d'information : http://www.vluchteling.be/semira/ 8 ans que Semira est morte, étouffée par neuf gendarmes armés d'un coussin, acharnés à l'expulser du petit royaume surprotégé, à tout prix, à six reprises chaque fois plus violentes. Depuis rien a change, il faut que ça cesse et pour ce faire, il nous faut être nombreux pour marcher ensemble dans la rue et crier notre détermination, notre volonté à faire respecter les droits et libertés fondamentales de toutes et tous. Le 22 septembre 1998 est la date symbolique qui marque l'assassinat de la jeune Semira Adamu. Huit ans après Semira, le combat continue... Avec les sans-papier-e-s ! " Le vingt-deux septembre, aujourd'hui comme hier, pouvons-nous nous en foutre ? " (libre actualisation d'une chanson de Brassens) Le 22 septembre 1998, Semira Adamu, une jeune nigériane de près de vingt-ans, mourait, étouffée par neuf gendarmes armés d'un coussin, acharnés à l'expulser du petit royaume surprotégé, à tout prix, à six reprises chaque fois plus violentes. Fuyant un mariage forcé avec un sexagénaire polygame, elle était venue chercher l'asile dans l'Europe des droits de l'Homme. Elle n'y trouva que la raideur administrative, la froideur du pragmatisme gestionnaire et sécuritaire, les barreaux d'un centre fermé, la violence policière et la mort. Huit ans plus tard, rien n'a changé. Les hommes et femmes migrant en quête d'une vie plus sûre et moins précaire sont toujours traité-e-s comme des " flux " qu'il s'agit de contrôler et de refouler. Chaque année, 8000 personnes sont toujours enfermées abusivement, puisqu'elles n'ont commis aucun délit, et inutilement, puisque la majorité d'entre elles sont relâchées dans la nature et la clandestinité après quelques mois d'incarcération. Parmi celles-ci, on compte de plus en plus d'enfants, détenus en contravention flagrante avec le droit international, privés du droit fondamental à l'instruction et à la dignité. Les expulsions se perpétuent (et tuent parfois) dans l'arbitraire, la violence et le non respect des droits fondamentaux dont l'Europe se vante être le berceau. Tout récemment encore, madame Hawa Diallo, jeune guinéenne, et son fils Yousouf, connurent une succession de tentatives d'expulsion, chaque fois plus violentes : camisole de forces, jambes ligotées, escortes musclées par cinq gendarmes, coups dans le ventre, étranglements,... Elle échappa de peu au sort tragique de Semira dont nous voulons chaque année commémorer la mémoire. Deux cas emblématiques du peu de reconnaissance par les politiques d'asile européenne de l'oppression, de l'exploitation et de la violence que subissent les femmes dans les pays qu'elles fuient. A l'intérieur des frontières du royaume, des dizaines voire des centaines de milliers de migrants passant au travers des mailles du filet répressif ou ayant été libérés d'un centre fermé suite à l'échec de leur éloignement, vivent dans les interstices clandestins de nos sociétés. Sans que l'État ne reconnaisse officiellement leur présence mais qu'il tolère hypocritement car il est incapable d'expulser toutes les personnes irrégulières sans glisser vers un État policier et que celles-ci s'avèrent en fin de compte très utiles, si pas nécessaires, au travail précaire et non protégé sur lequel reposent des pans entiers de notre économie. Depuis quelques mois - fait nouveau et décisif -, ces hommes et ces femmes se sont décidé-e-s à sortir de l'ombre, à s'organiser au sein de l'UDEP (Union pour la Défense des Sans-Papiers), à occuper des lieux symboliques, à manifester et même à rédiger une proposition de loi pour revendiquer leur régularisation, c'est-à-dire leur droit d'exister, leur droit d'avoir des droits. Ce mouvement prend de l'ampleur au plus total mépris du gouvernement qui vient d'approuver une énième réforme de la loi sur les étrangers, animée par la même logique gestionnaire et sécuritaire que les précédentes, sans la moindre prise en compte des doléances des personnes sans-papiers. Cette situation n'est pas propre à la Belgique, elle se retrouve et se décide au niveau européen. Dès le lendemain de l'assassinat de Semira Adamu, le vaste mouvement de solidarité et d'indignation, suscité dans la société civile, dénonçait déjà la construction d'une Europe forteresse. Depuis lors, la construction de cette Europe-là progresse à bien plus grand pas que celle de l'Europe sociale ou de l'Europe des droits. Des policiers et policières coopèrent pour renforcer et perfectionner le contrôle des frontières. Les ministres de la Justice et des Affaires intérieures se concertent pour élaborer des normes communes de rapatriement et organiser des charters communs pour les expulsions collectives. Des budgets considérables sont alloués aux nouveaux États membres afin de garantir l'imperméabilité des nouvelles frontières de l'Europe élargie. La coopération au développement se marchande avec les pays du sud contre des accords de réadmissions pour toutes les personnes migrantes parties ou ayant transitées par chez eux. Petit à petit prennent forme les projets d'externalisation de l'asile (camps dans les pays tiers où seraient parqués tous les candidat-e-s à l'asile ou l'immigration en Europe dans l'attente d'une réponse rarement positive). A Rabat, la récente conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement aboutit à 62 recommandations pour " endiguer " le " fléau " de l'émigration (et non plus l'immigration) clandestine. Les conséquences de cette politique de forteresse commencent à faire de plus en plus de bruit dans les médias et l'opinion publique : ce sont, chaque jour, des dizaines de morts qui sont recensés lors du trajet vers ou à l'abord des côtes espagnoles et italiennes (15 000 décès depuis 1993). Ces conséquences, au même titre que le meurtre de Semira, l'arbitraire, la violence et le non respect des droits fondamentaux qui sévissent toujours en Belgique, seront inévitables tant que les politiques ne comprendront pas que la migration est un phénomène séculaire, intrinsèque à l'humanité, et de surcroit favorisé et démultiplié par la modernité, la mondialisation et l'inégalité des rapports Nord/Sud. Le mouvement définit la vie et aucune politique, aucun arsenal répressif, ne pourra jamais le refreiner complètement. Toute tentative de le réprimer se révèle inefficace, dangereuse et contreproductive. Plus on restreindra l'immigration légale, plus se développera l'immigration clandestine. Plus on durcira les conditions d'accès au territoire et renforcera les contrôles, plus on poussera les migrants dans des conditions toujours plus précaires qui font le fonds de commerce des trafiquants en tout genre et plus on bafouera les droits fondamentaux de la personne humaine. Il est donc temps que l'on inverse la logique. Il est donc urgent et indispensable que l'on fasse désormais primer le respect des droits de l'homme - pour toute personne humaine, d'où qu'elle vienne et où qu'elle aille - sur les impératifs gestionnaires et sécuritaires de nos opulentes démocraties libérales, de nos États occidentaux dont la puissance, la supériorité, la richesse, le bien-être et les droits se sont, entre autre, construits sur le dos de l'exploitation des pays et des peuples dominés. Dès lors que la politique d'éloignement se révèle irréaliste ; que la politique d'enfermement se révèle très souvent inutile ; que toute personne résidant sur notre territoire et contribuant à notre économie a le droit d'avoir des droits ; que la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des Libertés fondamentales garantit à toute personne le droit à la vie (art. 2), à la dignité (art 3), à la sûreté et à la liberté (art. 5) dont la liberté de circulation (art. 2 du protocole additionnel n°4) ; qu'il est du devoir de l'État de respecter et d'encadrer les libertés pour ne pas les livrer aux lois de la jungle ; nous revendiquons, en mémoire de Semira et au nom de toutes les personnes migrantes : * LA SUPRESSION DES CENTRES FERMES * L'ARRET DES EXPULSIONS * LA REGULARISATION DES SANS PAPIERS * UNE POLITIQUE D'ASILE ET D'IMMIGRATION EUROPEENNE RESPECTUEUSE DES DROITS FONDAMENTAUX POUR TOUS LES ETRES HUMAIN |